Toi, moi, deux. [Pv Min']

Un champ de coquelicots géants. Horrible. Non franchement, si j'avais su, je serais sûrement pas venu. Enfin si. rien que pour voir leurs têtes étonnées à souhait. Après les coquelicots, des points d'interrogation. Seul problème, cette lueur d'animosité dans leurs regards. Qui prend de plus en plus de place. Pour ne plus faire qu'un avec la pupille. La dévorer en entier. Le sourire fait de même avec mon visage. J'ai faim. Je suis affamé et je me boufferais bien une Tulip au dîner. Une petite chandelle, deux roses. Quel romantisme ! Oh, et puis j'inviterais mon infirmière et elle dégustera une des siennes sans le savoir. Ses lèvres s'étireront et elle s'écriera "Humm... C'est délicieux !" Ah, quel bonheur pur et simple. Seul problème, quand elle l'apprendra. Je ne sais pas de quoi je serais capable si j'apprenais que l'on m'a fait manger du Riffle et que je me suis ecrié que c'était délicieux. Je suppose que je réagirais mal... Très mal.

Bref, venons en au fait. Je suis maintenant posté pile devant le bâtiment des Tulips, un sourire carnassier sur le visage, une allure calme et posé, dans toute ma délicatesse retenue. Je suis parfait, comme d'habitude. Bon, comme je suis le roi, ça n'aura étonné personne je suppose ? Et ces Tulips doivent le ressentir. Elles me regardent toutes. Elles me reniflent toutes. De vrais bêtes en cage. Je suis leur gibier. Sous leurs nez, je les nargue. Quand craqueront-elles ? Sûrement pas de sitôt; je suppose que la vioque les tient bien en laisse. De toute façon, je suis trop fort pour elles. Je suis le roi. Et je viens donner mon invitation. A qui ? A une Tulip bien sûr. A la Tulip. Certains trouveront que ma façon d'agir est carrément idiote, débile, merdique et tout le reste qui suit. Je les emmerde. Qu'ils aillent tous voir ailleurs si j'y suis parce que moi, au moins, j'assume ok ?

Je suis fébrile. C'est dur et pénible à avouer, mais je la recherche. Vite, apparaît. Je ne l'ai pas vue depuis l'épisode de l'infirmerie. J'avais du sang et des bleus partout. Je puais le chacal. Mes mains transpiraient. J'avais le nez rouge... L'homme sexy quoi. Mais je me suis ressaisis. J'ai pris ma savonnette, ma serviette et j'ai passé mes habits sous l'eau froide, glacée même, pour les laver. J'ai frotté, frotté, frotté. J'avais les mains rouges, les muscles luisants de sueur et j'étais propre. Bon, après, je suis sorti des douches et directement la poussière est venue se déposer sur moi, mais je crois que c'est mieux que d'habitude. Espérons qu'elle ne le remarque pas trop, ou la honte tomberait sur moi.

Ça y est, je l'ai vu. Sa toute petite frimousse, ses cheveux blonds, son nez rouge, ses lèvres cerises. Elle ne m'échappera pas. Jouons au loup si tu veux, je t'aurais. Je suis le plus fort à ce jeu.

Je t'attrape le bras. Je te retourne. Je te regarde dans les yeux. Je te fixe. Ne bouge pas? Je reprends mon souffle. Un groupe s'est formé autour de nous. En même temps, mon geste est pas banal. Je m'en fous. Je me fous de tout. Une seule chose compte pour moi, là, maintenant, ici. Ta réponse. Ta réponse.

"- Viens avec moi au bal."

Tout vient à temps à qui sait attendre.

Mindy se baladait, comme elle d’habitude, Felix a la main déambulant dans les couloirs a la recherche de quelqu’un avec qui jouer. Mais comme tout le monde la fuyait la jeune fille était souvent seule. Sa réputation effaçait bien ce sourire angélique, hormis les Tulips personnes ne l’approchait vraiment du moins pas pour jouer, mais plus pour vérifier si la légende était vrai.
Marcher, trottiner, sautiller, penser… Oui Mindy était un peu préoccupé par la demande de Mary-Jane et de Marilyn, ce qu’elles lui demandaient lui avait paru si simple aux débuts mais plus le temps passait plus elle se rendait compte de l’ampleur de cette tâche. Seulement elle ne pouvait pas être le maillon faible de cette chaîne et bien qu’elle soit motivée et que cette tâche était de toute évidence faite pour elle, Mindy se demandait tout de même comment procéder. Prendre les choses en mains au risque de se faire cramer, ou pire de se ridiculiser, sinon s’offre à elle l’option de l’attente judicieuse a moins que rien arrive.
Au détour d’un couloir, Felix lui rappela une phrase de son père avant sa mort, il disait toujours que quand on attend les choses finissent toujours par montrer le bout de leurs nez, une belle phrase qui c’est déjà montré fausse, cela dit la jeune blondinette faisait confiance à son père et a Felix.
Attendre était la meilleur solution pour le moment, après tout elle avait encore le temps, mais le temps s’écoule toujours trop vite, seulement cette fois elle n’imaginait pas à quel point son père avait raison. Quand elle retourna dans le bâtiment de Tulips une ambiance tendue régnait, surement une dispute pensa Mindy, après tout chez les Tulips y avait des gros calibre, mais en se faufilant entre les filles, elle entend des vagues paroles…

« Un garçon… Un Riffle… Ici ? »

Le visage de Mindy s’illumina d’un coup par un large sourire, elle le savait le beau ténébreux ou plutôt Denshell était la chez les tulips, sur un plateau d’argent. Elle allait faire d’une pierre deux coups le revoir et le croquer. Elle décida de se chercher le jeune dans la foule, en sautillant, Felix a la main. Ou était-il ?
Une main sur son épaule, elle fit volte-face et se trouva nez-a-nez avec Denshell, il était bel et bien là. Elle ne pouvait rien dire, et se demandait comment l’inviter au bal, mais à son plus grand plaisir.

« Viens avec moi au bal. »

Surprenant ou pas, Mindy ne put s’empêcher de sourire. Déjà d’une part il l’avait invité au bal de son plein grès, de plus elle n’avait pas besoin de faire le premier pas, et tout son plan avait marché. Felix était aussi content qu’elle au bout de son bras, mais il ne fallait pas qu’il devine ses sentiments sinon il en jouerait.

« J’ai parié avec Felix que tu me le demanderais, mais j’aurais pas pensé que tu viendrais ici… »

Tellement contente qu’elle était, elle avait gardé sa voix d’enfant, qu’elle n’avait pas enfin moins lors de leur première rencontre. La demande elle allait l’accepter mais avec classe.

« Je viendrais. »

Simple et efficace, elle lui tourna le dos et s’en alla en trottinant à l’intérieur du bâtiment, Felix à la main, le sourire aux lèvres mais un sourire qu’il ne pouvait plus voir !

Une vraie princesse de conte de fées. Dégueulasse, tout simplement. Et je ne sais pourquoi, mais j'aime ça. Je m'attends presque à la voir en robe longue et diadème sur ses cheveux paille. Je secoue la tête. Impossible ! Tout simplement impossible. Comment un seul instant ais-je pu croire cela possible, bien que ça me plairait assez... Mon sourire carnassier est de retour. Adorable ne serait-elle pas ? Denshell Whipper, enlèves-toi cette image de la tête, tu sais bien qu'elle ne se réalisera pas. A moins que..

Elle a accepté. D'une voix enfantine que je ne lui connaissais pas, elle a hoché de la tête, a acquiescé. Et comme une princesse devenant reine, elle m'a sorti les paroles que je voulais entendre. Deux simples mots qu'elle n'a pu empêcher de précéder par une phrase si insupportable... Déjà, elle a parlé d'un certain Félix. Je sais bien que je ne retiens aucun nom, mais Félix est bien un nom de garçon. Un nom de garçon européen, sans aucun doute. Un nom de garçon... Non, je ne serais pas jaloux. Non, je ne le serais pas. Pas maintenant. Elle m'a foutu la honte. Je sais bien que mon action est totalement déraisonnable. Je sais bien que mon action est totalement irréfléchie. Un simple coup de tête. Une idée, une envie. Et elle avait parié dessus. Elle n'en avait pas douté et en avait rit avec Félix. Comment voudrait-elle que je ne m'énerve pas ? Comment ? D'une voix enfantine, elle m'a fait mal. Ça commence. J'étais sensé la contrôler, non ? Je vais tout de même le faire. Je l'aurais. Mon sourire disparut reprend le dessus.

Après avoir accepté avec toute la royauté possible, elle m'a tourné le dos et a commencé à partir. Je ne peux pas la laisser faire ça. Pas maintenant. Elle viendra avec moi mais pas sur cette phrase. Je suis venu ici, je lui ai fait ma demande, je me suis ridiculisé, et tout ça de mon propre chef. N'a-t-elle pas l'impression de n'avoir fait qu'accepter dans l'histoire ? N'a-t-elle pas le sentiment qu'elle ne devrait pas avoir ? Je suis un Riffle tout de même. Je ne suis pas une Tulip. J'ébauche un rire. Comment m'imaginer en Tulip ? Petite robe, petit nœud dans mes cheveux, boule de poils à la main et tout cela avec un regard de tueur. Si comique. Mon rire éclate.

"- Je t'attendrais devant la porte des Riffle. T'inquiètes, ils te feront rien. Par contre, je veux te voir en reine. Je suis le Roi, tu te dois, en bonne cavalière d'être ma Reine. N'oublies pas ça Mindy Fusten. Parce que moi, je n'oublierais pas que tu es partie la dernière fois. A toi de faire les pas vers moi. A toi."

Toutes les Tulips non invitées au spectacle m'ont entendu. Mindy Fusten va se faire des ennemies. A elle de leur expliquer. Elle va me détester, elle va me haïr. Je n'aime pas les manipulatrices. C'est marqué sur mon cv non ?

Viens Min'. Je t'attendrais.