Aiden Abbott
Messages : 4 Date d'inscription : 23/06/2012 Age : 31
| Sujet: ABBOTT Aiden Mer 15 Aoû - 23:49 | |
| Nom : Abbott Prénom : Aiden Date de naissance : 11 Août Âge : 15 ans Groupe : Rifle Bullets Orientation : Probablement hétérosexuel.
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| Aiden est un garçon qui a passé sa vie à l'extérieur plutôt qu'à l'intérieur. Aiden est un garçon qui s'est toujours battu et pour qui la violence prône sur toute autre forme de discussion. Aiden est, enfin, un garçon qui n'a jamais été riche. Et tout ça se voit sur lui, se devine, s'analyse. Par sa manière de parler, de marcher, Aiden Abbott vous crie son milieu d'origine et le paysage que ses yeux d'enfant et d'adolescent ont vu défiler.
Aiden est le portrait craché de son délinquant de père: Même peau foncée, même cheveux bruns, même yeux marrons dans lesquels danse en permanence une lueur d'agacement et de colère. Le garçon gagnerait à prendre soin de son apparence, car il est loin d'être laid, mais se regarder dans la glace tous les matins est tout au fond de sa liste de priorités. Ses cheveux sont trop souvent en bataille et couverts de poussière et de sable. Ses tenues, mal arrangées et passées à la va vite, lui donnent un air négligé dont il se fiche tout à fait. Ses mains ont été habituées aux durs travaux dès sa plus tendre enfance, et sont par conséquent marbrées de fines blessures et sa poigne est forte. Forte comme seules savent l'être celles des travailleurs acharnés, ceux qui comptent sur leurs bras et non sur leur tête. Son apparence est sauvage, peu soignée. On pourrait croire en le voyant arriver que ce jeune homme sort tout droit des montagnes, sans aucune notion de civilité. Du haut de son mètre quatre-vingt, Aiden est grand pour ses quinze ans, et s'il ne possède pas une musculature impressionnante, on ne peut nier le fait qu'il soit bien bâti. Quoi de plus normal pour un jeune homme de sa condition, qui compte sur sa force pour régler ses problèmes ?
Son visage exprime une envie farouche d'espace et de liberté. Les sourcils froncés, il fait plus souvent la tête qu'il ne sourit. Pourtant, quand il sourit, un petit sourire légèrement de travers mais charmant, son visage s'éclaire et dissipe cette impression d'animal acculé que dégage Aiden. Seulement, ces sourire sincères sont bien rares. La plupart du temps, il sourit pour appuyer son cynisme ou son insolence: Un éclat moqueur, désagréable. Le garçon semble aussi mauvais qu'il ne l'est vraiment. | |
| Aiden est violent, Aiden est vulgaire, Aiden n'use jamais de diplomatie pour régler ses dettes. Aiden a appris tout ce qu'il sait de son père, une morale parfois douteuse malgré le bon fond dont elle se veut l'émissaire. Par où commencer cette longue liste de ce que les autres nommeraient sans le moindre doute des défauts ? Le brun est très indépendant et autonome. Peut-être une des rares choses que l'on ne peut lui reprocher. S'il a des problèmes, ça ne regarde que lui, et il ne lui viendrait jamais à l'idée d'y entraîner sa famille ou ses amis. Il met un point d'honneur à réaliser ses taches seul, à pouvoir se tirer de tous les pétrins seul, attitude qui le pousse un peu trop souvent à rejeter l'aide des autres, quand bien même elle pourrait lui être d'une grande utilité.
Aiden est un homme violent, fait de pierre: Il ne se pense pas invincible, mais a trop confiance en ses capacités. Chercher à parlementer avec lui est inutile, il ne sait que frapper pour gagner. Vous vous heurterez à un mur en cherchant à l'adoucir ou le calmer par des propos. Aiden est quelqu'un dont l'ardeur ne disparaît jamais. Il est sans cesse en train de faire quelque chose, de s'occuper les mains. C'est un garçon actif, il est dommage qu'il n'utilise pas toute cette énergie pour la bonne cause. Vulgaire, de sa bouche ne sortent que très rarement de belles paroles polies et douces. Il aime se faire entendre, aussi n'est-il par contre par rare de l'entendre crier, s'exclamer, injurier une personne ou un meuble. Aiden est très expansif, c'est sa manière de s'exprimer.
Débrouillard certes. Vulgaire, aussi. De mauvaise humeur. Il lui arrive cependant d'être de bonne humeur, et dans ces cas-là, il sera plus aimable que de coutume, sans pour autant se montrer généreux et serviable. Aiden tiens jalousement à ce qu'il possède, et ne le prête à personne. Il déteste cordialement les personnes qui ont la belle vie et celles qui ne fichent rien: A ses yeux, la vie est un dur labeur, et on récolte le fruit de ses efforts. On peut aussi apercevoir un brin de jalousie dans ce discours. Lui qui n'a jamais rien eu facilement, il envie au fond ceux qui ont tout eu en claquant des doigts. Mais ça, plutôt mourir que de l'avouer, évidemment.
Pour finir, Aiden est fier. D'une fierté à fleur de peau qui le fait réagir violemment aux provocations. Il ne supporte pas qu'on se moque de lui, de ses amis, de sa manière d'agir, de sa cause... Bref, tout ce qui se rapporte à lui et ceux auxquels il tient. Il est aussi utile de préciser que le garçon a des solutions, disons, la plupart du temps radicales (on la tue et on jette son corps dans la rivière et voilà, par exemple). Heureusement, le jeune impulsif n'a jamais eu l'occasion de les mettre en pratique jusqu'ici: Il y avait toujours quelqu'un pour l'arrêter avant qu'il ne s'énerve vraiment. | |
| La famille Abbott vivait dans une modeste maison à l'écart de Whiteriver Town, et personne ne s'en plaignait. Pas que leur présence soit dérangeante en soi, mais rares étaient les membres de la famille qui plaisaient aux habitants de la ville. Ils se souvenaient tous, pour ceux qui étaient en âge, d'un jeune homme violent nommé Jeremy Abbott, qui avait jadis aimé semer la terreur dans les rues. Son nom évoquait d'amers souvenirs, et si la surprise avait gagné les voisins quand il avait épousé Felicy Daniels, ils avaient tous été ravis qu'il s'installe à l'écart et leur fiche enfin la paix. Là, la demoiselle, fille d'étrangers récemment installés en ville, lui avait donné huit enfants, dont une petite fille qu'un rude hiver avait fait trépasser à deux ans à peine. Le spectacle de ces sept enfants qui passaient le pas de la porte pour s'aligner devant leur mère, le matin, avait quelque chose d'amusant. Voici ce qu'un ami de la famille aurait pu dire s'il les avait regardés un de ces fameux matins: En premier venait l'ainée, Nora, avec ses tresses brunes toujours impeccables et sa robe qu'elle lissait anxieusement. Soucieuse de plaire, elle était la seule dont les habitants ne se méfiaient pas. La seconde, Jenny, ne prenait pas la peine de coiffer ses boucles sauvages, ni de bien ajuster sa robe; Elle sautait à pieds joints en poussant des exclamations ravies, avant de se placer aux côtés de sa soeur. Le troisième, Aiden, était un garçon aux sourcils froncés, réplique exacte de son père, qui avait déjà prouvé maintes fois qu'il n'avait pas seulement hérité de lui son visage. Le quatrième, William, était tête en l'air, pas bien méchant, mais son manque d'attention offusquait régulièrement. Le cinquième, Braden, était distant et guère bavard, chose que la plupart des gens trouvaient étrange chez un enfant de son âge. Les deux derniers, enfin, étaient aussi proches que l'auraient été des jumeaux: Se tenant la main, les réactions de Fletcher et Kameron étaient les mêmes, et ils ne se quittaient que lorsque la chose s'avérait nécessaire. En ordre par âge, une place laissée entre Braden et Fletcher en souvenir de la petite Mary, décédée, leur mère les embrassait pour leur dire bonjour, et leur père suivait peu après pour leur distribuer leurs tâches de la matinée. La vie chez les Abbott n'était pas oisive: Tout le monde y mettait du sien et travaillait, les garçons avec leur père à l'extérieur, et les deux filles avec leur mère à l'intérieur. Il y avait beaucoup à faire, et jamais assez de temps pour tout faire. Du matin jusqu'au soir, les petits étaient occupés et travaillaient, se forgeant le corps et l'esprit ainsi que leur père l'entendait. Aiden a passé sa vie entière dans cette petite maison, et si le confort manquait souvent à la famille, jamais il ne s'en plaint. Jeremy était un homme violent et strict qui ne supportait pas qu'un de ses enfants demande plus que ce qu'il possédait déjà; Sous ses dehors rudes, cet homme avait malgré tout un certain principe de la vie, de la famille et du bonheur. Un principe à lui qu'il comptait bien passer à ses enfants. Voici, en quelques passages, ce à quoi ressemble la vie qu'Aiden a passée auprès des siens, de la plus futile des discussions d'enfants à l'accident qui a fait prendre à sa vie un tournant différent. 'Goodbye Mary'- Spoiler:
« Maman, Aiden refuse de faire ce que je lui dis !
-Passer le balais c'est bon pour les filles ! T'as qu'à demander à Jenny de le faire !
-Elle fait la cuisine, elle peut pas. Mamaaaaan...
-Qu'est-ce qu'il y a, ma chérie ? »
Felicy arriva dans le salon, un plat à la main, son autre main posée sur son ventre arrondi. Voyant sa mère ainsi chargée, Nora se précipita vers elle pour lui prendre le plateau des mains. Aiden, lui, se contenta de faire la moue devant le regard accusateur que sa soeur ainée posait sur lui.
« Aiden refuse de passer le balais comme je lui ai dit de le faire.
-Ah bon ? (Felicy avait l'air plus amusée que courroucée, mais Aiden savait que sa mère ne montrait jamais sa colère et qu'il fallait se méfier de ses expressions trompeuses) Et pourquoi est-ce qu'il refuse de passer le balais ?
-Il dit que c'est bon pour les filles.
-Ça l'est ! Rétorqua le petit garçon de sept ans, l'air outré, c'est pas à moi de le faire ! »
Suite à quoi il laissa le balais tomber par terre, bras croisés. Avec un soupir, Felicy passa une main dans ses clairs cheveux châtains. Pour sûr, élever des enfants n'était pas une partie de plaisir, mais la jeune femme avait de l'énergie à revendre. Après tout, malgré ses bientôt huit enfants, elle n'avait que vingt-huit ans.
« Aiden, je sais que ça ne te plaît pas de faire le ménage, mais tu n'as pas le choix. En attendant le retour de ton père, il faut que tu m'aides un peu. D'accord ? »
Aiden se senti mal que sa mère lui offre un si grand sourire alors qu'il n'était pas gentil. Il savait qu'elle avait besoin qu'il l'aide, car sa grossesse la fatiguait. Mais il n'arrivait pas à avaler le fait qu'il doive faire ce que ses sœurs faisaient d'ordinaire. Ça ne passait définitivement pas. Il fit la moue, désespéré.
« Je sais, maiiiis...
-Il n'y a pas de mais qui tienne. Pense à ta petite soeur qui... »
Une violente quinte de toux provenant d'une pièce voisine coupa Felicy dans sa phrase. Aussitôt, les deux enfants et leur mère se précipitèrent vers l'origine du bruit, affolés. Dans la pièce qui servait de chambre aux filles, sur le troisième lit, une fillette de deux ans était assise, luttant contre des soubresauts qui la prenaient toute entière. Felicy se déplaça aussi vite que lui permettait son ventre jusqu'à elle, prenant la petite main qu'on tendait vers elle.
« Maman...
-Ça va aller, Mary. Tu as mal quelque part, tu te sens mal ? Papa va revenir avec les médicaments bientôt, ça va aller.
-J'ai mal là... »
La voix de la petite était faible, presque un murmure. Sur le seuil de la porte, Aiden baissa les yeux devant le spectacle de sa petite soeur, pâle et malade, car il détestait l'idée qu'il ne pouvait rien faire pour l'aider. Depuis deux semaines, Mary ne quittait plus son lit, en proie aux pires souffrances et aux fièvres les plus intenses. Leur père partait régulièrement chercher des médicaments, mais la fillette n'allait pas mieux malgré les remèdes. Leurs parents leur avaient interdit de s'approcher d'elle, de peur qu'ils n'attrapent eux aussi le virus. Par chance, seule Mary devait lutter contre la maladie. La faute à l'hiver trop froid, leur avait dit leur père; la faible constitution de Mary ne l'aidait pas non plus à se remettre sur pieds. Aiden sursauta en sentant Nora poser une main sur son épaule. Il leva les yeux vers elle; Sa soeur ainée avait beau n'avoir que trois ans de plus que lui, en cet instant, elle lui paraissait être presque une adulte. Son regard aussi brun que le sien était animé d'un savoir qu'Aiden ne possédait pas.
Nora savait que Mary ne survivrait sans doute pas à sa maladie. Aiden n'imaginait pas un seul instant qu'il puisse en être ainsi.
« Je vais passer le balais. » Déclara-t-il finalement. Nora approuva sa décision d'un bref hochement de tête. Les deux enfants se retirèrent ensemble, laissant à leur mère le soin d'apaiser Mary.
Quelques jours plus tard, enveloppée dans un linceul blanc, Mary était mise en terre par sa famille. Jeremy gardait le regard sec, mais tous les autres membres de la famille en mesure de se rendre compte de la teneur de cet adieu pleuraient. Aiden ne faisait pas exception. Une fléchette venait de percer la bulle d'insouciance dans laquelle il avait vécu jusque là. Il venait de se rendre compte qu'on pouvait s'en aller pour de bon, et ne plus jamais revenir après. Plus jamais.
En plus de faire mal, c'était effrayant. 'Chercheur de pierres'- Spoiler:
Aiden avait décidé que, plus tard, il serait riche. Plus riche encore que tous leurs voisins fortunés qui vivaient dans de grandes et belles maisons blanches. Comme ça, quand il aurait plus d'argent qu'eux, ils seraient obligés de le respecter. En effet, suite à une altercation avec le fils d'un riche commerçant de 'il ne savait trop quoi', il avait été sévèrement réprimandé par le père de ce dernier. Un homme à l'aspect propre, mais trop suffisant pour qu'il puisse être quelqu'un de bien. Par conséquent, Aiden n'avait vu qu'une seule manière de réparer cette injustice (mince, c'était quand même son imbécile de fils qui l'avait cherché): Devenir plus riche que lui et en faire son serviteur.
Il avait donc prévu de trouver des pierres précieuses et de faire fortune. Il avait entendu des gens dire qu'elles pouvaient valoir très cher ! C'est pour cette raison que, à genoux dans la poussière, le garçon de dix ans s'appliquait à empiler les unes sur les autres en un tas gris toutes les pierres qu'il trouvait. Sa sœur, Jenny, le regardait faire, amusée.
« Tu sais, tu vas rien trouver. Je suis sûre qu'il y a rien de valeur ici. Sinon, des riches seraient déjà venus ici nous les voler.
-Tais toi, t'en sais rien, grogna comme toute réponse Aiden en continuant sa besogne, j'en trouverai et je serai riche et je pourrai leur montrer à ces espèces de débiles que je suis mieux qu'eux.
-Bha, vu comment tu parles, ça m'étonnerait qu'ils te croient.
-Je préfère parler comme ça que comme eux. »
Jenny laissa s'échapper un rire amusé, puis se tu tout en regardant son frère s'agiter inutilement. Pour Aiden, tout ceci était loin d'être un jeu, et il croyait fermement en son idée alors qu'il s'égratignait les mains au sang. Élevé dans un milieu tout sauf aisé, il n'avait pas peur de l'effort. Finalement, ce fut de nouveau sa sœur qui brisa le silence, ôtant machinalement de sa robe foncée quelques poussières qui avaient cru bon d'en faire leur domaine.
« C'est vraiment ça que tu veux être plus tard, riche ? »
Aiden suspendit son geste, avant de lancer à Jenny un regard à la fois interloqué et agacé.
« Hein ?
-C'est vraiment ce que tu veux ? Répéta la fillette en croisant les bras, perplexe. Vivre dans une belle maison à faire plein de trucs ennuyants et avoir plein d'obligations ?
-Euh...
-Et puis aller serrer la main de plein de gens qui veulent te piquer ton argent ? »
Vu sous cet angle, cette perspective n'avait plus rien d'extraordinaire. Cependant, Aiden s'accorda le temps de la réflexion. Jenny soupira tandis qu'elle se levait et s'étirait. En dépit de l'heure matinale, l'atmosphère était d'ores et déjà lourd d'une chaleur qui empirerait avec l'après-midi. Les cheveux de la fillette s'agitèrent, levés par une brise rafraichissante. Aiden trouvait que sa grande sœur avait plus de prestance avec son apparence négligée que toutes ces gamines bien habillés au menton haut; Au final, c'était peut-être elle qui avait raison. Il trouverait plus de plaisir à déterrer ces pierres que jouir de l'argent qu'elles lui rapporteraient. Et interdiction de nier le fait qu'il n'aurait jamais fait fortune avec toutes ces pierres grises. Le jeune garçon y croyait encore dur comme fer.
« Peut-être que tu as raison, admit-il comme à contrecœur, ses mains poussiéreuses trouvant machinalement leur chemin jusqu'à son pantalon, mais ce serait bien quand même d'être plus riches, non ?
-Pas forcément. Enfin si, maiiiiis... On le sera jamais, alors ça sert à rien d'y penser. On fait avec ce qu'on a, comme papa le dit. »
Jenny avait haussé les épaules tout en parlant. Elle s'arrêta et lança à son petit frère un sourire moqueur, lequel répondit par une expression vexée savamment travaillée. L'impression de s'être rendu quelque peu ridicule le tenaillait à peine. Tout au fond de lui grondait toujours cette envie de montrer aux autres ce qu'il valait. Le regard de cet homme bien habillé était comme imprimé à vif dans son esprit; Le mépris transparaît toujours trop. On ne devrait pas me penser inférieur parce que j'ai pas de quoi m'acheter de beaux vêtements. On ne devrait pas me penser stupide parce que je vis pas dans une grande maison.
Vous comprenez, ce n'est pas juste.
Un caillou rebondit sur sa jambe et roula sur le sol. Aiden poussa une exclamation surprise qui se mêla au rire de sa sœur, et le flux de ses pensées fut instantanément interrompu.
« T'es pas capable de m'attraper avant que je retourne à la maison !
-Tu triches, t'es partie avant ! Jenny ! »
Il ne subsista bientôt dans le paysage que les ombres rapides du frère et de la sœur faisant la course pour arriver en premier au domicile familial. De cette course dont Aiden ne se souvient aujourd'hui plus, il fut le grand perdant. Quelle importance ? Un enfant oublie bien vite les petits accidents qui rythment sa vie. Les malheurs, eux, on la vie dure. Ne sont pas des malheurs forcément ceux que l'on croit.
Et les pierres, oubliées là à même le sol, regardèrent plus tard le soleil se coucher et laisser place à la douce fraîcheur de la nuit parsemée d'étoiles. 'Tu es un homme, tu ne dois pas pleurer'- Spoiler:
La gifle, retentissante, manqua d'arracher de lourds sanglots à l'enfant de douze ans qui se tenait debout au centre de la pièce. Devant lui, les yeux de son père avaient un éclat froid et impitoyable. Sa mère se tenait dans un coin de la pièce, les yeux baissés devant cette violence qu'elle n'aimait pas mais dont elle avait su s'accommoder. Près de la porte, ses deux sœurs et ses frères cadets observaient la scène, la douleur qu'ils ressentaient pour leur frère inscrite sur leur faciès. Aiden aurait aimé porter la main à sa joue pour soulager sa peau endolorie, mais n'osa pas le faire. La voix de son père s'éleva de nouveau, implacable. Quand Jeremy parle, on l'écoute et on se tait. C'était la règle numéro un chez les Abbott.
« A cause de toi, le repas de ce soir est perdu. Qu'as-tu à dire pour ta défense ?
-Je... Je ne l'ai pas fait exprès... »
Nouvelle gifle. Même force, pourtant il sembla à Aiden qu'elle fut trois fois plus violente.
« Menteur (et ces mots sonnaient à ses oreilles comme la plus grave des insultes, en particulier venant de son père). Tu es un menteur et tu le sais. Comment crois-tu t'en sortir ? Si tu disais au moins la vérité, la faute serait à demi pardonnée. »
Le petit brun prit une grande inspiration pour empêcher la douleur et le chagrin de le faire craquer. Tu es un homme, Aiden, songea-t-il en se mordant l'intérieur des joues. Tu ne dois pas pleurer, surtout pas. Ainsi, le regard qu'il leva vers son père était trop brillant; Mais ses joues étaient sèches. Et c'était une victoire en soi.
« Je voulais impressionner mes frères et mes sœurs, avoua-t-il d'une voix qui se voulait forte et claire mais qui se brisait par plusieurs endroits, je ne pensais pas que les légumes tomberaient à terre. Je suis désolé.
-Désolé, tu as tout intérêt à l'être. Tu seras puni. Nous ne mangerons pas ce soir par ta faute; Et pour la peine, tu ne mangeras pas demain non plus. Tu n'auras droit qu'à de l'eau. »
Le regard brun de Jeremy se posa alternativement sur sa femme et sur ses autres enfants. Le message qu'il voulait faire passer était clair, mais pour que tout soit plus limpide encore, il donna à voix haute ses ordres.
« Si je surprends un seul de vous à transgresser cette punition et à apporter de la nourriture à Aiden, vous subirez le même sort. Sachez que je ne plaisante pas. (plusieurs voix lui répondirent des 'oui' précipités, comme si attendre avant d'acquiescer allait leur faire tomber dessus la punition) Bien. Si tout est en ordre, alors, vous pouvez partir. Quant à toi, Aiden... »
Silence tandis que les bruits de pas sur le sol de bois s'estompaient. Le père et le fils restèrent debout à se fixer durant quelques secondes. Finalement, Jeremy se retourna.
« Tu aideras ta mère à préparer le déjeuner et le repas de demain. »
Cruelle punition, s'il en était, de préparer quelque chose qu'on ne mangerait pas. Aiden baissa les yeux et entendit son père quitter la pièce à défaut de le voir. Même après son départ, il se força à ne pas pleurer et s'empêcha de trouver la situation injuste. Il avait fait l'imbécile avec la nourriture et avait gâché le repas. Il méritait la sentence que son père venait de prononcer, aucun doute là-dessus. Malgré tout, son esprit encore peu mature s'y refusait et criait de rage. Pourquoi il faut que ça tombe toujours sur moi ? Pensa-t-il avec amertume. Le jeune garçon prit place sur une chaise et, la tête entre les bras, se força à se calmer. Ça allait passer. Ce n'était qu'une petite punition de rien du tout. Aiden Abbott ne craignait pas les punitions, c'était un homme. Un vrai. Du moins un petit garçon en passe d'en devenir un. Alors il ne devait ni pleurer ni se plaindre.
A douze ans, Aiden se fit la promesse de ne jamais se reposer sur qui que ce soit et toujours agir en homme responsable. Ses problèmes n'appartenaient qu'à lui, et à lui seul. Plus jamais je n'entrainerai quelqu'un dans mes bêtises, que ce soit volontairement ou involontairement.
Sans savoir que, un an plus tard, il allait en être autrement, et que préparer un repas dont on le privait ne serait plus une punition à hauteur de sa faute. 'Et le silence'- Spoiler:
« Si, je te dis que c'est par là...
-Aiden, sérieusement, je n'aime pas être là, c'est dangereux !
-Trouillard, on craint rien, on fait attention. »
William lança un regard exaspéré à son frère ainé, qui n'en tint bien sûr pas compte, tout occupé qu'il était à chercher son chemin. Ses yeux bougeaient sans cesse dans l'espoir de repérer le relief familier qui les amèneraient jusqu'au lac White, situé dans la montagne de Whiteriver où ils se trouvaient en ce moment même. Plus tôt dans la matinée, Aiden avait traîné son jeune frère jusque là, excité à l'idée d'aller contempler de ses propres yeux la source de la rivière qui avait donné naissance à leur village. Peu enclin cependant aux escapades interdites (il allait sans dire que leur mère ne les aurait jamais laissés s'y rendre seuls), William rechignait et maugréait depuis leur départ, histoire de bien faire comprendre à Aiden que tout ceci ne lui plaisait pas même un tout petit peu. Si Aiden n'avait pas été si émerveillé par la montagne qui dressait autour d'eux ses flancs puissants, il aurait pu s'en agacer.
« Bon, tu trouves le chemin ou on peut s'en aller ? Tenta une énième fois le petit garçon de onze ans en saisissant la chemise de son ainé, maman va nous gronder si elle voit qu'on est partis. Et papa...
-Papa et maman n'en sauront rien, le coupa presque sèchement Aiden en se remettant à marcher pour l'obliger à avancer, on va voir le lac et on revient avant le déjeuner. Ils n'en sauront rien du tout.
-Tu parles. (le ton de William était amer mais résigné) Ils vont voir qu'on est plus là et ça va mal se passer. On va être punis.
-Bha, on sera punis, et alors ? C'est pas la mort.
-C'est toi qui le dit. »
Sur cette dernière parole, William s'enfonça dans un profond mutisme. Aiden n'en fit pas grand cas; Tant que son petit frère le suivait, il se fichait qu'il grogne ou se taise. Son pas se fit moins rapide à mesure qu'il s'accoutumait au sol qui défilait sous ses pieds. Les deux garçons progressaient lentement mais sûrement -du moins de l'avis d'Aiden- depuis presque une demi-heure. William semblait s'être totalement résigné et n'émettait plus la moindre protestation, se contentant de suivre Aiden à travers les chemins tortueux qu'ils empruntaient. Perdus ? Quelle drôle d'idée, aurait aimé répondre Aiden, mais le fait était qu'ils n'avaient pas croisé la plus petite âme depuis le début de leur périple. Cet endroit était pourtant réputé pour être assez fréquenté, non ? Ce fut ce détail qui mit la puce à l'oreille des Abbott et les fit s'arrêter près du rebord d'une falaise, ennuyés.
« Je t'avais dit qu'on allait se perdre, fit William en écho à un commentaire lâché en début de marche, c'était évident.
-On est pas perdus, grogna Aiden, faisant fi de la mauvaise foi qui modulait ses propos, on est juste légèrement égarés. On va vite retrouver le chemin.
-Légèrement égarés... T'en as de ces euphémismes. Moi en tout cas, j'en ai marre de marcher, je me repose le temps que tu retrouves le chemin. »
Sitôt dit, sitôt fait, le petit garçon aux cheveux châtains se laissa élégamment choir à terre, attrapant au passage une fleur qu'il entreprit de martyriser avec application. Il reçut d'Aiden un regard agacé et un commentaire acerbe difficilement réprimé. Comment est-ce qu'ils allaient trouver la route à suivre s'il restait assis là à ne rien faire ? Histoire de calmer ses ardeurs, il donna un coup de pied au sol qui n'avait absolument rien fait pour les égarer. Posant une main en visière sur son front, il observa le paysage. Tout était calme et quelques cris d'oiseaux résonnaient dans ce désert de vie; Mais il n'entendait rien d'autre, son souffle rapide mis à part. Un juron lui échappa malgré lui. Puisque rien ni personne ne pouvait leur indiquer le chemin, ils allaient y aller au hasard. Avec une poigne étonnamment ferme, il saisit le bras de William et le releva de force sous un torrent de protestations.
« Lâche moi, je veux plus bouger !
-C'est bon, j'ai trouvé le chemin, c'est par là ! (Il indiqua alors une direction au hasard) On va vite arriver au lac en passant par là.
-Menteur, cracha William en fronçant les sourcils, se dégageant brusquement de l'étreinte de son aîné, c'est pas par là et tu le sais aussi bien que moi. On va se perdre encore plus et je veux pas mourir de faim là !
-N'importe quoi. T'es un homme oui ou non ? On va arriver au lac et promis, on reste juste le temps de le regarder et on repart !
-Je te signales que je voulais pas venir, à la base, moi. T'as qu'à y aller tout seul, moi je m'en vais.
-William, t'as pas intérêt de bouger de là. »
Il y avait une menace sourde dans la voix d'Aiden, semblable à l'intonation que prenait leur père pour les disputer. Ce ton fit flancher le plus jeune, qui se reprit néanmoins bien vite. William était le plus intelligent de sa fratrie, le moins impressionnable avec Aiden aussi. Le garçon en avait dans la tête, et se montrait autonome et travailleur. Il agita sa main dans un geste qui se voulait désinvolte, pivota sur ses pieds.
« Je fais ce que je veux, t'as pas à me dire ce que je dois faire. »
Et il amorça un pas dans la direction opposée à celle qu'Aiden avait pointée plus tôt. Aussitôt, Aiden le rattrapa par l'épaule et l'envoya valser au sol avec toute la délicatesse qui était sienne. Il voulait simplement le retenir, l'empêcher de partir, de défier son autorité. Aiden n'était encore qu'un enfant, et il aimait ses sœurs et ses frères. Il aimait aussi qu'on ne dispute pas ses décisions et il n'aimait pas le fait qu'un de ses jeunes frères puisse lui désobéir. William le savait aussi, mais ça ne changea rien au dénouement de cette scène. Le jeune garçon tituba, cherchant à reprendre son équilibre. Mais ses pieds s'emmêlèrent maladroitement, et le portèrent vers une mort certaine. Dans un hurlement terrifié, William dérapa sur le rebord de la falaise.
« AIDEN ! »
Aiden n'eut pas le temps de réaliser ce qui se passait. Il se pencha en avant sans prendre de précautions, manquant de lui aussi basculer dans ce vide effrayant. Il vit William accroché à une pierre saillante, et tendit le bras pour lui attraper la main. Son cœur battait la chamade sous l'étau infernal de la peur. Je n'ai pas fait exprès, ne cessait-il de se répéter, je ne voulais pas ! Il avait simplement voulu le retenir pour qu'il aille voir le lac avec lui. Il l'avait réveillé ce matin-là pour qu'ils aillent contempler le soleil se refléter sur l'onde claire du lac White. Ensemble.
Mais c'était dans les yeux affolés de William que se reflétaient les rayons du soleil.
« Aiden, me lâche pas, me lâche pas... » gémit-il en serrant fort la main que son frère lui tendait. Il la serra tellement fort que la pression fit grimacer Aiden. Sans se soucier de cet enlacement douloureux, il tira de toutes ses forces pour remonter son frère. Dans sa tête, il n'y avait plus rien d'autre que ce besoin pressant de rentrer. Il fallait remonter William et ils rentreraient chez eux, à l'abri des murs de leur maison, dans les bras de leur mère, là où rien ne pouvait les atteindre. Les deux frères partis en catimini de leur foyer n'avaient pas envisagés qu'une si insignifiante escapade puisse se terminer de cette façon. C'était trop absurde. Trop... Trop impossible.
Alors quand leurs mains se séparèrent, trop moites pour pouvoir supporter l'effort, il n'y eut aucun cri. Aucun hurlement d'effroi, aucune panique. Juste de la surprise. Les yeux verts de William s'ouvrirent en grand alors que l'apesanteur le rappelait cruellement à l'ordre et l'enveloppait du linceul de son dernier voyage. Aiden le regarda partir, la même expression abasourdie peinte sur ses traits foncés, le bras toujours tendu. Le corps toucha le sol sans qu'un bruit n'ait accompagné sa chute. Dans un silence total, presque déplacé. Puis Aiden comprit.
Un cri déchira le calme de la montagne.
Depuis qu'il était rentré chez lui, Aiden n'avait pas cessé de pleurer. Pas un seul instant les larmes n'avaient séchées, et personne ne lui avait sommé d'arrêter de sangloter. Son père était parti avec d'autres hommes rechercher le corps sans vie de son deuxième fils, et l'avait ramené chez eux dans une couverture brune. Felicy tenait Aiden contre elle et refusait de le lâcher malgré les cris de Kameron et Fletcher, qui ne comprenaient pas ce qui se passait. Nora était venue de chez son mari en catastrophe, pour fondre en larmes quand le corps de William avait été allongé sur le perron. Seule Jenny cherchait à maintenir la cohésion en gardant son calme et en consolant sa sœur et ses petits frères. La maisonnée entière pleurait, et pleura encore jusqu'à tard dans la nuit, jusqu'à ce qu'Aiden s'endorme et plonge dans un sommeil aux contours rendus flous par le chagrin. Cette nuit-là, pour la première fois, il fit le rêve qui allait hanter la plupart de ses nuits. Il revoyait William basculer dans le vide, il le revoyait accroché à cette pierre. Il sentait leurs mains s'agripper l'une à l'autre, à la différence près que dans ce rêve, elles ne se lâchaient pas. Il parvenait à remonter William et il le serrait contre lui jusqu'à l'étouffer. Assis là, il se confondait en excuses et promettait de le ramener à la maison sur le champ. C'était ce qui aurait du se passer, le scénario prévu. Pourquoi tout était-il allé de travers ? Parfois, au visage effrayé de William se superposait celui marqué par la douleur et la fatigue de Mary. La petite fille, lasse de tousser jusqu'à ce que sa poitrine la brûle, le suppliait de la sauver. Ne me laisse pas tomber, Aiden, s'il te plaît. Ses tresses brunes se balançaient alors que de ses yeux noisettes coulaient des larmes salées, qui creusaient des sillons rouges sur des joues qui appartenaient à la fois à son frère et sa sœur.
Aiden se réveillait toujours en sursaut. Dans la brume du sommeil dont il s'était extirpé, il pensait apercevoir William allongé dans le lit à côté du sien, mais il n'y était pas. Il n'y dormirait plus jamais, il était mort. Comme le lit de Mary restait fait depuis plus de six ans, celui de William ne porterait plus jamais le garçon jusqu'aux contrées bénéfiques du songe. Et tout ceci était sa faute. C'était lui qui l'avait trainé là-bas, lui qui l'avait fait trébucher, lui qui n'avait pas su lui tenir la main jusqu'au bout. Il était mort par sa faute. Dans ces moments-là, prenant garde à ne pas réveiller les plus petits qui dormaient dans la pièce, Aiden pleurait jusqu'à ce que l'épuisement l'emporte. Tant pis pour les larmes.
Son frère était mort, c'était sa faute. Même un homme ne peut supporter pareil fardeau sans ciller.
Aiden jeta un regard inquisiteur à son père, assis dans un fauteuil en face de lui dans le salon. Pour qu'il l'ai fait venir ici et l'ai fait asseoir, ce dont il voulait discuter devait être sacrément sérieux. Avec appréhension, Aiden posa son dos contre le dossier de bois de la chaise. Il redoutait les confrontations avec son père, pour la simple mais bonne raison qu'elles n'étaient jamais bon signe. « Aiden, commença Jeremy, faisant sursauter son ainé, maintenant que tu as quinze ans, il y a quelque chose dont je dois te parler. (Il laissa passer un petit silence, scrutant attentivement les traits tendus d'Aiden) Cela va faire deux ans que ton frère est mort. Ta soeur a nommé son ainé après lui. Beaucoup de larmes ont été versées. Ce qui est fait est fait, personne ne nous rendra William. Personne ne le peut. » Aiden déglutit difficilement, passant son regard sur le plancher. Il ne pouvait pas regarder son père ou sa mère en face quand ils lui parlaient de William. Malgré les deux années qui s'étaient écoulées depuis son enterrement, le souvenir et la culpabilité étaient aussi vivaces qu'au premier jour dans son cœur. Son père en était conscient. Dans un élan de compassion, il ne lui demanda pas de relever les yeux et le laissa se dérober sans pour autant arrêter de le fixer. « Je sais pourtant que si c'était possible, ta mère donnerait sa vie en échange de la sienne. Mais c'est ainsi et nous n'y pouvons rien. Malgré tout, il est de notre devoir de penser à lui et garder près de nous son souvenir, comme nous l'avons fait pour Mary. La douleur passe avec le temps. Aussi ais-je quelque chose à te demander en la mémoire de ton défunt frère. » Poussé par la curiosité, Aiden se risqua à observer de nouveau son père. Son visage fermé et dur ne lui apporta pas le plus petit indice sur la chose dont il voulait l'entretenir, ni quel rapport elle pouvait avoir avec William. Jamais Aiden n'avait vu son père ôter le masque qu'il portait, mis à part deux fois. Deux fois il avait cru voir à travers cette épaisseur d'insensibilité; Chaque fois qu'un de ses enfants était mort. Là, la douleur avait suinté. De manière infime, mais Aiden l'avait vu. En ce moment, le masque était lisse et sans aspérité. Chercher à voir à travers était peine perdue. Il se contenta donc de hocher la tête et attendre la suite. « William avait de l'ambition. Il aimait lire, il aimait étudier. Il voulait devenir quelqu'un, mais il n'est plus là pour réaliser son rêve. -Je... -Tais toi, laisse moi continuer. C'est toi qui va réaliser son rêve. C'est toi qui deviendra quelqu'un. Prends ça comme un moyen de te repentir de ton erreur. Ton frère est mort par ta faute. A toi d'honorer sa mémoire comme il le faut. » Aiden resta un instant sans voix, la bouche ouverte sur une phrase qui ne sorti pas. Il s'était attendu à tout sauf à ça. L'idée l'affola complètement; Lui, devenir quelqu'un de cultivé ? Quelqu'un d'important ? Il ne savait raisonner que par les poings ! Il n'avait aucune chance d'y arriver, aucun goût pour le labeur mental. Il ne ferait que salir les attentes de son père et les ambitions de son frère. La panique du se lire sur ses traits, car son père reprit son discours, la voix plus ferme et sévère. « Tu iras au pensionnat de Whiteriver Town, et c'est tout. Tu y étudieras et tu en ressortiras pour suivre le parcours que ton frère s'était destiné. -Père, je... Je ne pourrais jamais ! Ma situation me plaît, j'aime travailler ici. Je ne suis pas fait pour un grand avenir, je ne suis... -Ma mère, le coupa Jeremy, m'y avait elle-même inscrit. Elle pensait que je parviendrais à me sortir de la pauvreté ainsi. Elle pensait que seule la richesse pouvait satisfaire l'âme. Elle avait tort. Elle ne pensait qu'à se démener de la situation dans laquelle elle s'était mise en fréquentant cet homme duquel elle n'a eu que des ennuis. Elle m'aimait sûrement, mais elle enchainait les erreurs. Elle s'est tuée à m'offrir quelque chose qui ne me convenait pas, et j'ai du l'enterrer trop tôt. Si ça n'avait tenu qu'à moi, jamais je ne t'aurais envoyé là-bas sans ton consentement. Mais c'est une toute autre affaire. Il s'agit de ton frère. Tu dois vivre pour lui car il est mort par ta faute. » La tirade ôta toute force à Aiden de protester. C'était la première fois que son père lui parlait volontiers de sa grand-mère Emily; Une fille-mère, dont il n'aimait guère évoquer le souvenir. Il savait que son père ne l'aurait pas inscrit contre sa volonté, car tous deux se ressemblaient, tous deux voyaient les études comme une perte de temps. Rien ne valait la force des bras et du courage, du labeur. Mais pour William qui aurait demandé à y aller, il devait le faire. Pour son frère. Pour son petit frère qui les avait quittés par sa faute. La dernière phrase de son père laissait comme une boule sur son estomac et dans sa gorge, mais Aiden se força à garder une attitude convenable. Il était un homme. Un homme ne se laisse jamais aller, jamais. « Bien, réussit-il à articuler, je ferais ce que tu me diras de faire. Pour William. -Oui, pour William, ne l'oublie jamais. C'est pour ton frère que tu dois vivre. C'est ta punition, ton fardeau. Va, maintenant. Retourne travailler tant que tu le peux. Bientôt, tu ne seras plus ici. » Aiden se leva, chancela imperceptiblement, et sorti de la pièce, raide comme un bâton. A l'époque de la mort de William, son père ne l'avait pas puni, ne lui avait rien dit, pas le moindre reproche. Sa mère l'avait tenu contre elle et lui avait répété que rien n'était de sa faute, qu'elle l'aimait et qu'elle ne voulait pas le perdre. Il avait trouvé sur le moment qu'un tel traitement était injuste; Il avait causé la chute de son frère, il l'avait tué. Pas directement, mais il avait plongé dans l'abîme par sa faute. Ce crime méritait un châtiment qu'il s'était étonné de ne pas avoir reçu. A présent, c'était chose faite: Deux ans d'attente pour toute une vie d'efforts consacrés à un fantôme qui le hanterait à jamais. De toute façon, pensa tristement Aiden, même sans ça, il n'aurait pu cesser de penser à William. Il revenait chaque nuit pour lui rappeler son faux pas. De là où il était, il refusait de le laisser tranquille. Me lâche pas, me lâche pas... Il l'avait lâché. Aiden buta contre Jenny en passant le pas de la porte. « Aie ! Hey, tu pourrais faire attention, quand même ! » La jeune femme remit en place ses boucles folles, avant d'ouvrir de grands yeux. « Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as l'air bizarre. -C'est rien, tenta de la rassurer Aiden, notre père m'a juste dit que... -Oh, je vois. Ça y est, il te l'a dit. -Oui. » Que Jenny ait été au courant avant lui ne le surprenait pas; Sa mère, Nora et ses frères devaient également l'être. Il poussa un long soupir brisé, fit un pas à l'extérieur sans se retourner vers sa soeur. Ce fut elle qui l'arrêta en l'apostrophant. « Aiden ! (Le jeune homme se retourna vers elle avec une mine perplexe) Tu sais... Tu n'es pas obligé de t'en vouloir autant. Ce qui est arrivé à beau être de ta faute, je suis sûre que William ne t'en veut pas. » Un rire amusé passa le cap de ses lèvres entrouvertes. Il passa une main qui tremblait légèrement sur son visage sombre. « Comment pourrait-il ne pas m'en vouloir ? Je n'ai pas réussi à lui sauver la vie. -Mais tu as essayé. Ça change tout, crois moi. Tu as essayé, et il le sait. Il t'as déjà pardonné. A toi de faire le reste. » Sans rien ajouter d'autre, Jenny ouvrit la porte et s'engouffra à l'intérieur, disparaissant dans l'ombre de la maison qui l'avala toute entière sans rien laisser d'autre d'elle qu'un parfum de terre. Aiden resta là devant le perron, la tête levée vers le ciel bleu. Les rayons du soleil vinrent caresser son visage comme ils l'avaient fait ce jour d'été, dans les montagnes qui abritaient le lac White. Pensif, il se mit à ressasser les leçons que lui avait apprise la vie. Il les compta une à une, les récita. La vie lui avait appris que rien n'est éternel. Elle lui avait également appris que les hommes devaient assumer leurs bêtises seuls, ne pas entrainer leurs proches dans leurs ennuis. Elle lui avait appris que l'argent ne faisait pas le bonheur, qu'on trouvait de la joie à simplement être en famille. Elle lui avait appris que la détermination était la clé de la réussite, qu'il n'y avait rien de mal à frapper pour s'en sortir. Aiden baissa les yeux sur ses mains sales de terre, sales de vie. Elles étaient fortes et dures, zébrées de petites coupures, de légères cicatrices. Étaient-ce les mains d'un homme cultivé ? Non. Mais elles devaient le devenir. Pour William. Pour son père. C'était tout ce qu'il lui restait à faire. Aiden se remit à avancer, car il fallait travailler, peut-être pour la dernière fois. Bientôt, il devrait intégrer un pensionnat où une guerre différente faisait rage, à laquelle il participerait tout en avançant. A l'horizon, une silhouette d'enfant s'effaça avec un rire. Ou peut-être n'était-ce que les rayons du soleil qui jouaient à cache-cache avec le vent. | |
| Surnom : Sur la toile, on m'appelle Never~ Nevy pour les intimes.♥ Âge : 19 ans. Ce que je me fais vieille ! Comment avez-vous trouvé Whiteriver Town ? En votant sur un forum, j'en ai profité pour regarder le top-site et suis tombée sur celui-là, tout simplement. Un commentaire, une idée ? Le design est magnifique, rien à redire, c'est du beau travail. Après, j'aime moyennement le blanc sur blanc quand je me connecte avec mon personnage. C'est... Pas très pratique. Mais ce n'est qu'un détail, cela dit. Maintenant, la question sur le discours du juge Simsons qui vous permettra d'obtenir votre titre de séjour. Quel geste fait le juge Simsons pendant l'intégralité de son discours ? Tu as l'oeil et le bon
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